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XI


2

 
Alors je serai seul à souffrir ! Je prendrai
Notre peine à nous deux, pour moi seul, en nous-même
J’élargirai mon cœur par un effort suprême,
Afin que ton chagrin, auprès du mien serré,

Laisse entier le malheur d’un amour déchiré,
Et que notre douleur, au moins en moi qui t’aime,
Se garde sans brisure, ainsi qu’un diadème
Qui doit rester intact pour rester consacré.

Mais alors ce sera vraiment la solitude.
Quand mon regret fidèle aura la certitude
Que de nouveaux espoirs sont du tien triomphants !

Et moi, lorsque le soir en rouvrira la source,
Je n’aurai pas l’amère et divine ressource
De répandre mes pleurs sur des cheveux d’enfants.