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VI


 
Quand l’hiver sur le pôle a clos sa longue nuit,
Tout semble à jamais mort ; un linceul ténébreux
À recouvert le monde insensible et détruit,
Sous le déroulement de ses plis monstrueux ;

La lumière d’un globe inanimé reluit
Sur un chaos blafard de sépulcres neigeux,
Et seuls les craquements des glaces font un bruit
Funèbre dans les airs lourds et silencieux.

Mais, par degrés, le ciel reprend un peu d’aurore,
Cette aurore indécise et pâle se colore,
Et, sous le glissement des molles avalanches,

Eclatent, tout à coup, comme un clair météore,
Des bouleaux tout joyeux de redresser leurs branches,
Et des lits azurés et riants de pervenches.