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XXIV


 
Que je sois le premier par la Mort entraîné,
Mes yeux déjà voilés toujours tournés vers toi,
Et mon être expirant, où la chaleur décroit,
Refusant de périr, à t’aimer obstiné ;

Ou que, sans avoir pu marcher dans ton convoi,
J’aille auprès de ta tombe, en secret prosterné,
Portant mon amour fier et jamais profané,
Y verser la douleur qu’il fait saigner en moi ;

L’un de nous restera dans la vaste lumière,
Et criera, vers l’absent en son étroit asile,
Son deuil, ses pleurs, son cœur à jamais solitaire.

Mais celui qui glacé dormira dans l’argile
Gardera sans émoi son repos immobile,
Car aucun bruit humain ne retentit sous terre.