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I


 
J’aimais les clairs soleils s’échappant de l’aurore,
Et les jeux du Printemps sur les flancs des coteaux,
Quand tout rit et fleurit, que chaque arbuste arbore
Des clartés de bourgeons dans des chansons d’oiseaux ;

J’aimais les bourgs bruyants où la lumière dore
Les visages rieurs qui lèvent les rideaux ;
Mais, depuis qu’un regret incessant me dévore,
Quand les ombres au ciel s’amassent en monceaux,

Je n’ai plus de plaisir qu’à fréquenter les bois
Où le feuillage meurt dans les halliers sans voix,
Qu’à marcher sur le bord de l’étang solitaire

D’où les oiseaux s’en vont vers des pays moins froids,
Et qu’à m’asseoir au pied de quelque tertre austère,
Quand un reste de jour blanchit encor la terre.