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XII


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Car c’est une union encore entre deux âmes
Qu’une immolation volontaire et commune,
Quand toutes deux, rêvant de sévères dictâmes,
Se font les deux moitiés de la même infortune ;

En deux nobles efforts leur énergie est une,
Leur sacrifice est un et brûle aux mêmes flammes,
La souffrance des deux vit entière en chacune,
Leurs sanglots confondus sont leurs épithalames.

Ainsi, en nous quittant, nous joignons notre foi,
Ainsi, nous échangeons, sur ces marches gravies
D’où chacun de nous deux descendra solitaire,

Le gage douloureux du mariage austère
Qui réunit nos cœurs en séparant nos vies :
Ces deux anneaux de fer que nous portons au doigt.