Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XVIII


Nous suivions les flots gris, mélancolique amie,
Les longs flots gris plaintifs, dont la voix s’atténue
Quand le soir sur la mer pose son accalmie ;
Un soleil d’or pâli que barrait une nue,

Glissant aux plis plus lents de la houle blêmie,
Touchait quelques gazons sur la l’alaise nue ;
Nous suivions des longs flots l’écume continue,
L’écume des flots gris, mélancolique amie.

Tu disais les douceurs de cette âme que j’aime,
Ton âme où le bonheur garde un air de tristesse,
Ton âme endolorie et grave, où l’espoir même

Sait qu’il ne tiendra pas son entière promesse,
Ton âme résignée à sa haute sagesse,
Et dont ce soir d’or pâle était vraiment l’emblème.