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IX


Lorsque nous revenons par la rude falaise,
À l’heure où l’eau qui bat à ses pieds devient noire,
Tandis que, plus avant, la houle qui s’apaise
De grands reflets mouvants et livides se moire,

Et que sur l’horizon, comme un reste de gloire,
Dans les cendres du jour meurt un amas de braise ;
Tu t’arrêtes souvent au bout du promontoire
Où glissent des rochers sur les pentes de glaise,

Et tu cherches, debout dans le jour qui défaille,
Quel forgeron puissant qui dans l’ombre travaille,
Quel forgeron puissant au labeur éternel.

Dont la forge invisible à la nuit se rallume,
Fait, sous son lourd marteau, jaillir de son enclume
Les flammèches de feu qui volent dans le ciel.