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IV


Parfois, lassés de vivre en cette vie austère,
Dans le pesant caveau des lois et des devoirs,
Où des anneaux d’airain enchaînent nos vouloirs,
Où notre amour attend le mot qui le libère,

Ainsi que des captifs qui laissent leurs espoirs
S’échapper loin des murs où leur corps désespère,
Nous allons, quand aucun souffle léger n’altère
La limpide beauté des soirs, des divins soirs,

Nous allons, attristés et muets, sur la grève,
Et nous laissons, gagnés d’un insensible rêve
Hors des réalités rigides et claustrales,

Nos âmes s’envoler, libres et nuptiales,
Aux jardins azurés où le lis d’or se lève.
Quand le ciel se fleurit de ses fleurs sidérales.