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II


Voici que dans les yeux brillent encor des pleurs,
Dans tes yeux bleus rêveurs et qui sont tout mon rêve ;
Hélas ! ma bien-aimée, un ange armé d’un glaive
Qui dans nos cœurs blessés enfonce ses lueurs,

Veille et nous interdit le jardin des Bonheurs ;
Et si jamais, un jour, notre attente s’achève,
Nous n’y pénétrerons, ô mélancolique Eve,
Qu’avec des fronts marqués de nos longues pâleurs.

Les ombrages tremblants des saules et des charmes,
Un feuillage craintif et toujours plein d’alarmes,
Par la plainte du vent tristement effleuré,

Ce sont là les bosquets de notre amour navré !
Et pourtant voudrais-tu ne pas verser ces larmes ?
Ont-ils connu l’amour ceux qui n’ont point pleuré ?