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XIII


2

À combien peu de vous, hélas ! il est donné,
Ô femmes, que le sort saisit et qu’il rudoie,
Et dont l’âme, meurtrie en s’ouvrant, se reploie
En un chagrin muet, pensif et résigné,

De sentir un amour chèrement incarné,
Et de porter, avec une ineffable joie,
Un enfant convoité que tout votre être choie
Avant même qu’il ait dans vos flancs frissonné ?

L’amour de vos enfants naît sur votre poitrine,
C’est en les allaitant que vous devenez mères,
Et leurs chairs jusqu’alors vous étaient étrangères ;

Votre maternité n’en est que plus divine !
Mais qui de vous ne songe, en ses heures amères,
Au fils plus tôt aimé que votre cœur devine ?