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XII


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Ô dur déchirement quand l’amour maternel
Ne naît point simplement de l’amour de la femme :
Il faut fermer son cœur ou diviser son âme,
Et souffrir d’un partage ou d’un refus cruel !

Bienheureuse trois fois en sa fécondité
La femme qui conçoit de l’homme qu’elle adore,
Et qui sent librement de sa tendresse éclore
L’harmonieuse fleur de sa maternité !

Pour celle-là, la vie a crû droite en sa sève,
Le même sentiment se complète et s’achève
De l’attrait des désirs à la gloire des fruits,

Le même amour grandit dans l’enfant qui s’élève,
Ses angoisses même ont la douceur de son rêve,
Et la fierté des jours sort du bonheur des nuits.