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IX


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Ce jour, fait de rayons palpitants et d’averses,
Est le jour qu’il fallait à la triste entrevue
Où ma vie, imprudente amie, est suspendue.
Garderas-tu le ciel, clair soleil, qui disperses

Et déchires, de l’or de tes puissantes herses,
Le noir champ menaçant et morne de la nue ?
Nous apportons tous deux à cette heure attendue
Dans des cœurs divisés des volontés diverses :

Dans le sien, le reproche et les soupçons injustes,
Un amour inquiet, semblable à ces arbustes
Que le vent fait plier en des sens opposés ;

Dans le mien, un amour calme et sûr de lui-même,
Fort de pleurs dévorés et de transports brisés.
Qui vaincra des ravons ou de l’averse blême ?