amant. Dans le temps que je la retrouvai,
pénitente du Père Dirrag, elle ne parlait
que de méditation, de contemplation,
d’oraisons. C’était alors le style de la gent
mystique de la ville et même de la province.
Ses manières modestes lui avaient
acquis depuis longtemps la réputation d’une
haute vertu. Eradice avait de l’esprit ; mais
elle ne l’appliquait qu’à parvenir à satisfaire
l’envie démesurée qu’elle avait de
faire des miracles ; tout ce qui flattait cette
passion devenait pour elle une vérité incontestable.
Tels sont les faibles humains :
la passion dont chacun d’eux est affecté
absorbe toujours toutes les autres ; ils
n’agissent qu’en conséquence de cette passion ;
elle leur empêche d’apercevoir les
notions les plus claires qui devraient servir
à la détruire.
« Le Père Dirrag était né à Lode. Lors de son aventure, il avait environ cinquante-trois ans ; son visage était tel que celui que nos peintres donnent aux satyres. Quoiqu’excessivement laid, dans la physionomie. La paillardise, l’impudicité étaient