famine & la guerre, fit bientôt des ravages
affreux. En peu de tems la meilleure
partie de la garniſon fut hors de combat.
Les Hopitaux étoient remplis de malades.
On ne reconnoiſſoit plus ces braves
Guérierres tant elles étoient changées.
Leurs viſages auparavant frais & vermeils,
étoient devenus pales & livides.
Leurs corps maigres & décharnés n’offroient
á la vuë qu’un ſquélête hideux.
Dans les horribles convulſions qui les agitoient,
l’écume leur ſortoit par la bouche.
Des inſomnies cruelles les empéchoit de
trouver le moindre relache á leurs ſouffrances.
Les mêts les plus flateurs leur
étoient interdits ; á la place de ces liqueurs
qui portent la joyë juſqu’au fond
de l’âme. On ne leur préſentoit qu’une
boiſſon fade & inſipide ; Dans ce triſte
état elles n’avoient d’autre conſolation
que de maudire á chaque inſtant les cruels
auteurs de leurs maux. Il s’en trouva
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