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passion qu’il auroit pour le Tabac. Le plaisir qu’on y trouve, est un enchantement qu’il faut laisser à ceux à qui la vie est onéreuse, & qui n’ont pas de quoi fournir à ses besoins. C’est aux Matelots, c’est aux Soldats, à chercher dans la fumée du Tabac de quoi se dissimuler les ennuis de la vie ; cette oisive occupation convient encore à un certain vulgaire inutile, qui semble n’être au monde, que pour consumer ce que la terre produit de plus mauvais. Mais un homme d’esprit, qui a de l’éducation, de la politesse, & de la santé ; qui a reçu de Dieu, du bien & de la sagesse pour en user, doit éviter avec soin cet appas trompeur, & ne jamais infecter sa bouche de la puanteur d’une pipe. Que s’il n’est pas capable de se conduire ainsi par lui-même, il faut qu’il permette à ses amis de le reprendre librement ; il faut que leurs reproches lui fassent confusion, & le tirent comme par force, de cet enchantement, quand même par ses plaintes, il diroit qu’ils le tuent, en voulant ainsi l’arracher à une habitude si douce.