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lebre Auteur que nous venons de citer, qu’il y a dans le tabac un souphre narcotique encore plus dangereux que son sel. Ce souphre est de la nature de celuy de l’opium, qui se dissout également dans l’huile, dans l’esprit, dans le sel, & dans l’eau : ce qui n’arrive pas aux autres souphres. Le souphre du tabac étant donc de ce caractere, n’est pas plûtôt entré dans le corps, qu’il s’y dissout par le moyen de la lymphe, ou de l’esprit qu’il y rencontre, & alors débarassé des sels qui le lioient, ses parties branchuës s’engagent les unes dans les autres, & causent des obstructions & des engourdissemens, qui ralentissent le cours des esprits animaux. Ainsi, selon la diverse disposition des corps, l’une de ces deux choses ne manque presque jamais d’arriver : ou les sels piquans du tabac déchirent les parties, & en rompent la trame, ce qui ne peut que hâter la ruïne du corps ; ou les souphres narcotiques, dont il est composé, ralentissent le mouvement du sang, & par ce repos causent des apoplexies, & souvent, comme le remarque M. Fagon, des morts soudaines ou prématurées. Ce ne sont point icy des conjectures fondées