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L’Anonyme, au lieu de dire que l’on condamnoit autrefois à vivre d’ail ceux qui avoient tué leurs peres ou leurs meres, auroit pû remarquer que l’ail, chez les Anciens, a été long-tems regardé comme quelque chose de divin, qui avoit la vertu de purifier l’homme de ses soüilleures : ensorte que plusieurs voulant appaiser leurs Divinitez, quand ils les croïoient en colere contr’eux, se mettoient à manger de l’ail pour se purifier : ce qui fait dire à Perse[1] :

Tunc nigri lemures, ovoque pericula rupto,
Tunc grandes Galli, & cum sistro lusca sacerdos,
Incussere Deos inflantes corpora, si non
Prædictum ter mane caput gustaveris alli.


C’est-à-dire, On ne se contente pas de vous faire peur de l’apparition des esprits, ni de vous intimider sur les prétendus dangers qui vous menacent lorsqu’un œuf vient à crever ; mais les grands Prêtres de Cybelle & la Prêtresse d’Isis vous effraïent encore en vous annonçant que leurs Divinitez sont en colere, si vous ne mangez de l’ail trois matins de suite.

  1. Satyr. v.