Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’homme. La ciguë tuë l’homme, & engraisse l’étourneau. La caille trouve dans l’hellebore une nourriture innocente, & l’homme un vomitif des plus forts. Les amandes ameres, loin de nous faire du mal, nous font du bien, & cependant elles tuënt les oiseaux qui en mangent[1]. Pourquoi donc conclurre que la muscade est pernicieuse à l’homme, parce qu’elle fait du mal à quelques animaux ? D’ailleurs, à quoi sert l’experience, si depuis tant d’années qu’on emploïe innocemment la muscade dans les assaisonnemens, nous devons encore craindre qu’elle ne nous empoisonne, parce qu’elle empoisonne l’oiseau de Paradis ?

Au reste nous ne nions pas qu’étant prise avec excés, elle ne puisse faire du mal. Un sçavant Auteur rapporte qu’une Dame de qualité, qui étoit grosse, tomba malade dangereusement, pour en avoir mangé jusqu’à douze[2]. Il est même étonnant qu’elle n’en mourût pas, & cette observation tourne à l’avantage de la muscade.

La Canelle est la seconde écorce d’un arbre qui croît dans l’Isle de Ceilan, & que l’on dit être de trois cou-

  1. Fascicul. Dissert. Medicar. Theodor. Zuinger. Dissert. 4. de amygdalar. fructu.
  2. Mathias Lobelius tract. de Balsamo.