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qu’on vient d’y remarquer ; sans parler de ce mélange bizarre, qu’on y trouve, de maximes relâchées & de maximes séveres, qui se combattent les unes les autres ; quel autre sort peut avoir un Livre, dont la principale partie roule sur des sentimens outrez, qui, loin de se renfermer dans la sage séverité de l’Evangile, passent toute modération, & vont quelquefois jusqu’à la fureur[1]. Nôtre Auteur, l’entend bien autrement, il fonde son soupçon sur l’entêtement du Public, qui revient mal aisément de ses erreurs. Il cite à ce sujet le Proverbe, Serò sapiunt Phryges, & renvoïe ses Lecteurs à une Lettre de Ciceron, dans laquelle le Proverbe est emploïé. Il ne rapporte point les termes de cette Lettre ; mais il est bon de remarquer qu’elle commence par ces mots : In equo Troiano scis esse in extremo, serò sapiunt (Phryges) & qu’elle continuë par ceux-ci : Tu verò mi vetule ! non serò : primum illas rabiosulas, sat fatuas dedisti (paginas) &c. Ciceron raille le petit vieillard Trebatius, de ce que s’étant un peu trop laissé emporter à sa bile, il ne paroissoit pas avoir beaucoup profité lui-même du Proverbe, Serò sapiunt Phryges, qu’il

  1. Voïez, entr’autres, la peinture qu’il fait de la soif, comme partie du jeûne.