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mains bûrent à la Grecque, & se perdirent ; les François boivent en Arabes & en Chinois, n’est-ce point adopter un goût barbare, & peut-on n’en rien craindre ?

Voilà comme nôtre Auteur débute, pour parler du thé, du caffé & du chocolat ; mais ce début ne doit point effraïer ceux qui aiment ces liqueurs. Le même Auteur abandonne bien tôt le langage qu’il vient de tenir ; jusques-là même qu’il le condamne dans un celebre Medecin[1], qui l’a emploïé, avant lui, contre le thé. Il ajoûte qu’un ancien Sophiste, celebre par les soins qu’il a donnez à l’éducation de deux Peres de l’Eglise, disoit que c’étoit par un ordre secret de la Providence, que tous les avantages de la vie ne se trouvoient pas rassemblez dans un même païs ; que Dieu l’avoit voulu ainsi, afin que les nations entretinssent ensemble une societé. Si l’on veut sçavoir au reste quel est cet ancien Sophiste dont il parle, on n’a qu’à consulter la marge, il avertit que c’est Eunapius, Précepteur de saint Basile & de saint Jean Chrysostome. La remarque est curieuse ; car jusqu’ici on n’a point sçû qu’Eunapius eut été Précepteur de saint Basile, ni de saint Jean Chrysostome,

  1. Simon. Pauli de abusu Thee.