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craindre aux personnes reglées, & avec laquelle la vertu ne se trouve pas en sûreté.

Quelque dangereux cependant que le cidre soit à la vertu, nôtre Auteur ne laisse pas de faire, à l’égard de cette boisson, ce qu’il a fait à l’égard de la biere, c’est-à-dire, d’en recommander l’usage hors le Carême ; comme si hors ce saint Tems, il étoit permis d’user d’une boisson de volupté, d’une boisson dangereuse à la continence. Il avertit donc qu’il ne croit pas trop dire à l’avantage du cidre, en avançant que c’est une boisson amie du sang, qu’elle en imite la nature ; qu’elle est douce, tempérée & humectante ; qu’elle nourrit le sang & le multiplie abondamment ; qu’elle le répare & le purifie en même tems ; qu’elle est préferable au vin qui échauffe en desséchant, au-lieu que le cidre ranime le sang en humectant les visceres ; &c. que tant de bons effets viennent des excellentes qualitez des pommes & qu’il y a des peuples qui vivent communément cent ans, quoiqu’ils n’aïent pas de vignes, mais des pommiers en abondance. Cette derniere observation est bien à l’honneur des pommes : mais en voici une bien différente, c’est que les Gaulois furent hauts & grands, tant qu’il n’y eut en