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les alimens, coule de lui-même, sans expression & sans feu, des gâteaux nouvellement tirez de la ruche : on rompt ces gâteaux, on les pose dans des napes suspendues par les quatre coins, ou sur des claïes, et il en découle un beau miel blanc que l’on appelle miel vierge. Quand ces gâteaux ne rendent plus rien, on les presse, et ils donnent un second miel, qui est blanc aussi, mais qui sent la cire, & qui n’est pas si bon que le premier. Le meilleur miel blanc est celui de Languedoc, si connu sous le nom de miel de Narbonne. Le miel jaune s’exprime de toutes sortes de tablettes de cire, vieilles ou nouvelles, que l’on fait chauffer avec un peu d’eau dans des bassines ou chaudieres, & que l’on met ensuite dans des sacs de toile déliée, que l’on presse fortement. La cire reste dans les sacs, & laisse échapper un miel jaune qui est moins doux, & moins agréable de beaucoup, que le blanc.

Les Anciens emploïoient souvent le miel, & comme médicament, & comme aliment, & comme assaisonnement. Il s’en servoient même quelquefois au lieu de sel, pour conserver certaines viandes ; & Herodote fait mention d’un Cuisinier, qui pour garder long-temps de la chair, n’y