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parce que le jeûne lui-même excite la soif. L’Anonyme ne sçauroit dire que les alimens maigres alterent plus que les autres alimens, puisqu’il soûtient au contraire qu’ils sont plus humectans, plus rafraîchissans, qu’ils font un suc plus doux & plus tranquille, qu’ils n’excitent aucune chaleur, &c. Il faut donc qu’il se retranche à dire, que ce sont les assaisonnemens ou le jeûne, qui augmentent cette soif. S’il dit que ce sont les assaisonnemens, il s’accorde fort mal avec lui-même, de donner alors la permission de boire ; car il déclare en termes exprès à la page 426.[1] que lorsque la soif vient des assaisonnemens, on la doit souffrir non seulement pour satisfaire au devoir du jeûne, mais encore pour expier le crime qu’on a commis, selon lui, d’avoir mangé trop salé ou trop épicé. Une telle soif ; dit-il, tient du crime, & doit en encourir la peine. S’il dit que c’est le jeûne, ou ce sera le jeûne du boire, ou ce sera le jeûne du manger : s’il prétend que c’est le jeûne du boire, comme en effet ce le doit être, puisque rien n’est plus capable d’alterer que de ne pas boire ; pourquoi, dit-il donc, que ceux dont la soif augmente à l’occasion du Carême, ont la permission de boire, puisque c’est dire alors, que ceux dont le

  1. & p. 226. de la 2e tom. 2.