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difficulté. Que faire, dit-il, d’une soif qui importune tout un Carême ? (selon le portrait qu’il vient de donner, il pouvoit bien dire, qui tourmente) Un sacrifice, répond-il, tel que celui du Roi Prophete, qui refusa un peu d’eau dans l’ardeur d’une soif excessive. Nous souhaitons que celui qui parle ainsi, ne soit pas de ceux qui se plaisent à imposer des fardeaux, qu’ils ne voudroient pas seulement toucher du bout du doigt. Mais ne nous effraïons point : il veut bien permettre d’appaiser une soif si dangereuse, pourvû que ce soit sans boire, & il nous enseigne un secret pour cela. Hippocrate, dit-il, ne conseille pas uniquement la boisson pour éteindre la soif, trois choses, selon lui, la soulagent ; fermer la bouche, garder le silence, & respirer un air frais : os claudere, non loqui, frigidum spirare[1]. Ce seroit, poursuit nôtre Anonyme, ajoûter le silence au jeûne : & un Moine ne donneroit pas un expédient plus catholique.

La remarque est à propos ; mais nous en ferons deux autres à nôtre tour, qui ne le seront peut-être pas moins. La 1ere. c’est que l’Anonyme a tronqué le passage ; car Hippocrate, au lieu de dire simplement, respirer un air frais, dit, humer un air frais en

  1. pag. 566. de la 1e. édit. & p. 458. de la 2e. tom. 2.