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veillez. Aussi remarque-t-on que la plûpart des jeunes gens même, qui prennent trop de tabac, sont attaquez de tremblemens, & que dans la fleur de leur âge, ils ont presque tous les maux de la vieillesse.

Le sixième, c’est qu’à force de vouloir retrancher l’humidité superfluë, on dérobe bien-tôt de celle qui est nécessaire. La lymphe trop souvent excitée à sortir, se sépare tellement de la masse, que les fibres du sang, dépoüillées de l’humeur qui leur servoit de véhicule, s’embarrassent ensemble, perdent une partie de leur mouvement, & s’arrêtent quelquefois de telle maniere, qu’elles deviennent un obstacle à la circulation, ce qui peut causer des maladies suffoquantes, & quelquefois des morts subites.

Le septiéme enfin, que quand tout cela ne seroit pas, il est difficile que le trop fréquent usage du tabac ne pervertisse les levains de l’estomac, & que nuisant, par ce moïen, à la digestion, il ne fasse tort à tout le corps. Que l’excés du tabac puisse pervertir les levains dont nous parlons, il est facile de le comprendre, si l’on fait reflexion que ce sel trop acre, ou ce soufre narcotique venant à s’y mêler par le moïen de la salive, en peut aisément changer la qualité naturelle.