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ensorte que l’esprit en peut devenir moins libre, & la mémoire plus lente.

Le troisième, c’est que rien n’est plus capable de causer ou d’entretenir l’indisposition, qu’on nomme vapeur. Pour le concevoir, il faut d’abord remarquer qu’on ne doit point attribuer cette maladie à des fumées qui s’élevent soudainement du bas-ventre au cerveau, puisqu’il n’y a aucun chemin par où ces prétenduës fumées puissent monter ainsi de la basse région du corps à la tête, pour produire ces tempêtes subites, qu’on nomme vapeurs ; mais qu’il la faut attribuer à des mouvemens convulsifs, excitez par des humeurs acres, ou par le choc violent de quelques esprits corrompus qui picotent les nerfs. Cela étant, comme on n’en sçauroit douter, pour peu que l’on connoisse la structure du corps, & qu’on ait examiné ce qui est capable de produire les symptomes qui se remarquent dans cette maladie, il sera facile d’expliquer comment l’usage trop fréquent du tabac peut causer l’indisposition dont nous parlons.

La membrane délicate des narines, sans cesse picotées par les sels acres de cette poudre, transmet son mouvement jusques aux membranes du cer-