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l’Archevêque d’Aix, de croire que la lâcheté des hommes est une raison légitime qui les dispense de la mortification ; & cependant il n’en allegue lui-même point d’autre pour permettre le chocolat en Carême, ce chocolat sur tout, dans lequel il reconnoît une qualité capable d’attendrir les cœurs, & d’exciter les passions. Car enfin, que veulent dire ces paroles : Que cela auroit été vrai autrefois, lorsqu’on s’interdisoit le vin les jours de jeûne, &c. sinon que parce que les hommes sont aujourd’hui plus lâches & plus sensuels, ils doivent moins se mortifier ? Qui croiroit que cette morale fût d’un homme ennemi de cette fausse prudence du siécle, qui va, dit-il, à flatter l’opinion déja trop répanduë par plus d’un Auteur ; Que les esprits & les tems ne peuvent plus s’accommoder de maximes séveres, & d’opinions rigoureuses ; Qu’il est tems au contraire de donner cours à des sentimens moins gênans, qui contraignent moins les consciences, & qui leur épargnent les scrupules ? N’est-ce pas là vouloir se faire honneur d’une morale chrétienne, & n’avoir néanmoins dans le fonds que des sentimens relâchez ? Mais venons à d’autres Questions.

    le Reverend Pere le Brun de l’Oratoire.