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femmes grosses deviennent maigres & décharnées. Ajoûtons que ces sucs abondans dont le fétus se nourrit, sont en même tems les plus fins & les plus délicats, que c’est un extrait de ce qu’il y a de plus balsamique dans les alimens que prend la mere : or pour fournir cet extrait, & le fournir en aussi grande quantité que le demande un accroissement aussi prompt que celui du fétus, il est nécessaire sans doute d’une nourriture abondante. Cette regle a néanmoins ses exceptions, & il se trouve des femmes grosses en qui il se produit tant de sucs nourriciers, qu’elles peuvent jeûner sans faire aucun tort à leur enfant ; mais ce sont des cas singuliers, sur lesquels il ne faut pas compter ; & quand la chose est douteuse, un Medecin qui a de la Religion doit plûtôt s’exposer au risque de défendre le jeûne à une femme grosse qui absolument parlant pourroit jeûner, que de courir celui de l’ordonner ou de le permettre à quelqu’une qui exposeroit peut-être par-là son fruit au danger de mourir avant sa naissance, comme il est arrivé plus d’une fois par l’indiscrétion de certaines meres, peu instruites, & gouvernées par des guides peu éclairez.