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que ce gros mangeur ait l’estomac bon, & qu’il soit dans une parfaite santé ; car ce sont-là les conditions que l’Anonyme demande, parce que plus la santé sera grande, & l’estomac fort, & plus cet homme sera en état de briser & d’affiner cette matiere.

Nôtre Auteur cependant semble craindre que ce même atome ne puisse pas suffire absolument ; car il suppose ensuite que Dieu supplée ici au défaut de la matiere, en en créant une nouvelle portion par sa toute-puissance. Ô merveilleuse œconomie de la nature ! s’écrie-t-il, ô preuve admirable de la sagesse du Créateur ! qui ne conserve nos corps qu’en les créant[1] presque tous les jours de nouveau[2], tant au moïen des lois qu’il a établies, il emploie peu de matiere pour les faire vivre. Aprés cette exclamation, il a recours aux exemples pour confirmer son sentiment : ces exemples sont les plantes, & les anciens ermites. « La vegetation des plantes,

  1. Pag. 324 de la 1e. édit. Il y a dans la 2e. édit. qu’en les recréant presque à tous les momens de la vie. c’est pag. 58. tom. 2
  2. C’est un axiome commun chez les Physiciens, que la conservation est une création continue ; mais il ne faut pas confondre avec cet axiome, qui est trés-vrai, l’imagination de nôtre Auteur, laquelle a un sens tout différent ; puisque cet Auteur veut qu’un arbre qui croît dans un lieu pierreux & aride, croisse moins par le moïen des sucs qu’il reçoit de la terre ou de l’air, que par le moïen d’une création que Dieu fait tout exprés alors par sa toute-puissance.