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épargne les forces de l’estomac, ne laisse pas néanmoins de les affoiblir quelquefois, ce que ne fait jamais la sobriété ; c’est pourquoi le jeûne demande des adoucissemens en plus d’une occasion, au lieu que la sobriété est de toutes les compléxions, de tous les âges, de tous les tempéramens, de tous les états, de tous les tems, &c. En un mot, on peut quelquefois se dispenser de jeûner, & on ne peut jamais se dispenser d’être sobre.

« L’estomac, par le moïen du jeûne, étant mis à des épreuves moins réïterées, se conserve en vigueur : supposé, par exemple, qu’il puisse digerer par jour quatre livres de nourriture, & que la distribution s’en fasse exactement, quelle ressource de force & de vigueur ne trouvera-t-on pas dans une sorte de jeûne qui retranchera tout d’un coup deux livres de nourriture ? ce seroit le moïen d’épargner la moitié du travail à ce viscere, & de prolonger la vie de moitié. »

C’est-là une pure imagination de cabinet, laquelle se trouve réfutée par l’Auteur même à la page 424. où voulant décrire ce que c’est que la faim, il dit que lorsque l’estomac n’a point d’alimens à broïer, il broïe à vuide, & ne laisse pas d’user ses forces. « La faim, dit-il, vient d’un esto-