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médiocrité bien entenduë étant plus sûre à la santé. Il ajoûte que cette médiocrité de nourriture se trouve dans la viande boüillie, ce qu’il ne sçauroit soûtenir, puisque selon lui-même, la viande boüillie nourrit plus que le rôti, qu’il ne peut nier qui ne nourrisse beaucoup. Mais laissant à part cette discussion, il faut convenir qu’effectivement la plûpart de ceux qui obtiennent la permission de faire gras en Carême, s’accordent avec un peu trop de facilité l’usage de la viande rôtie, & qu’ils ne consultent pas assez ce que l’esprit du Carême exige d’eux en cette occasion. Plût à Dieu néanmoins, que ce fût-là le plus grand mal, & qu’on ne rompît pas souvent l’abstinence sans besoin ; car on peut dire qu’il n’y eut jamais là-dessus plus de relâchement qu’aujourd’hui. Nous ne croïons pas cependant avec l’Auteur du Traité des Dispenses, que ce relâchement soit monté si haut, qu’il n’y ait pas moins de difference entre l’indulgence qu’on s’accordoit il y a quatre-vingt ans sur l’usage de la viande pendant le Carême, & celle qu’on s’accorde aujourd’hui sur cet article, qu’il y en a entre le nombre de six, tout petit qu’il est, & celui de cinq cens.

Graces au Ciel, quelque lieu qu’on