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Quel dommage que l’Anonyme n’ait pas prévû cette difficulté ! Le cas étoit digne de lui. Mais aprés tout, que seroit-ce, si on lui prouvoit par lui-même, que le conseil qu’il donne de boire devant & aprés un œuf, doit avoir un effet tout opposé à celui qu’il prétend ? C’est pourtant ce qui suit directement de certains principes qu’il établit dans la suite, & ce qu’on lui montrera sur la fin en rapportant ce qu’il dit de l’eau.

Il ajoûte, pour rendre les Directeurs plus circonspects à l’avenir, quand il s’agira d’accorder à leurs pénitens la permission de manger des œufs, que « les Anciens avoient si bonne opinion de l’œuf, qu’il y concevoient[1] comme l’abregé de tout le monde, dont il représente le globe par sa figure, & que sa partie jaune, sur tout, lui paroissoit un feu concentré. » Un mets pareil, conclut-il, ne peut certainement passer pour indifférent, ou pour un mets méprisable. Qui ne se rendra à une raison si forte ? L’œuf, au sentiment des Anciens, représente le globe du monde par sa figure, & en renferme comme l’abregé. Cela seul doit faire regarder l’œuf comme la chose la moins permise en Carême, puis-

  1. Il y a dans l’original, parce qu’ils concevoient en lui…