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ges. Elle remuë & agite les esprits, & rappelle ou produit de honteux penchans qui pourroient salir l’imagination. »

Voilà de quoi effraïer bien des consciences. Mais l’Auteur aussi sçavant que zelé sçait un merveilleux moïen pour prévenir ces fâcheux inconvéniens ; c’est de boire devant & aprés un œuf. « Pour rassurer, dit-il, ceux qui craindroient d’intéresser leur vertu par cette dispense qu’on jugeroit leur être nécessaire, on doit les avertir que l’usage des œufs est sûr, avec celui des légumes & du poisson simplement apprêtez, & par l’usage des boissons simples. C’est pourquoi on recommande de boire devant & aprés un œuf. »

Il reste néanmoins une difficulté, c’est de sçavoir si on peut en sûreté de conscience mettre du sel dans un œuf ; car l’Auteur remarque plus haut que le sel a aussi ses inconvéniens sur l’article en question, & que c’est pour cela que les Prêtres d’Egypte, zélateurs comme ils étoient de la continence, s’interdisoient l’usage du sel. Comment donc se conduire dans cette incertitude ? Humer un œuf sans sel, peut rebuter l’estomac : le prendre avec du sel, peut rendre inutile la précaution de boire devant & aprés.