Auteur, conservoit encore sa première force. Mais aprés le Déluge, la terre trop détrempée, perdit de ses sels, & de ce qu’elle avoit de plus actif, en sorte qu’elle ne fournit plus à l’homme une aussi bonne nourriture qu’auparavant.
L’Anonyme répond que le Déluge, loin de nuire à la terre, n’a pû que l’engraisser, & la rendre plus feconde : pour nous en convaincre, il prie ses Lecteurs de faire réflexion que rien n’est tant ami des plantes que l’eau. Il apporte l’exemple des prez, des étangs, & des lieux marécageux[1], qui sont plus fertiles en herbes, que le reste de la terre. Il ajoûte que le fond de la mer Rouge, de la Mediterranée, & de tout l’Ocean Oriental, est couvert de forêts. Il fait remarquer que les Israëlites appelloient Mer Herbue, la mer Rouge ; parce que leurs Peres, en la traversant, l’avoient trouvée pleine d’herbes ; & il conclut de tout cela, que la terre, aprés le Déluge, a dû fournir à l’homme une nourriture encore meilleure que celle qu’elle lui fournissoit auparavant.
Nous remarquerons que rien n’est plus contraire à la veritable fecondité de la terre, à la maturité des fruits, & à la santé de l’homme, que le trop d’humiditez. Il est facile de le prou-
- ↑ Pag. 38. de la 1e. édit. & p. 65. de la 2e. tom. 1.