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lion, l’ours, le chat, & tous les animaux carnassiers, ont des crocs & des griffes, parce qu’ils sont faits pour le carnage[1]. Le brochet, par une raison semblable, a des dents longues & pointuës, propres à déchirer. L’aigle, le corbeau, & tous les oiseaux de proïe, sont armez de becs & d’ongles, parce qu’ils sont faits pour déchirer de la chair. Le bœuf, au contraire, le cheval, la brebis, & tout ce qui rumine, ont des dents courtes & plates, tout au plus incisives, propres à couper & à broïer les herbes & les grains dont ils ont à se nourrir. Or l’homme n’aïant ni crocs ni ongles propres à déchirer de la viande, il s’en faut bien que la viande soit l’aliment le plus naturel à l’homme. »

Il y a long-tems que cette objection a été faite, & que de sçavans Medecins[2] y ont répondu ; l’Anonyme

  1. Pag. 28. & 29. de la 1. édit. & p. 48 de la 2. to. 1.
  2. Entr’autres, Nonnius & Munius. Voici comme s’explique Mundius. Sunt qui de omnimodæ sacrophagiæ utilitate ambigunt ; & argumento à corporis humani constitutione desumpto, negant istius midi cibos homini concessos, sed invitâ naturâ usurpari, quippè illa cætera animantia, instrumentis cibo sibi proprio capiendo idoneis armavit, homini verò nec celeritatem, nec uncas manus concessit, quibus prædam assequatur & prehendat, neque rictûs habet firmitatem. Quâ confringat, nec ventriculi, quâ crudam concoquat… Qui isti opinioni refragantur docent rationem homini pro armis & instrumentis quibuscumque conces-