fruits par dessus les autres nourritures ; examinons si la défense, dont il s’agit, est si constante, qu’on la doive supposer, comme un fait hors de doute. En quel endroit de l’Ecriture trouve-t-on que Dieu ait défendu au premier Homme de se nourrir d’autres choses que de fruits ? On lit bien dans la Genese, que Dieu défendit à Adam, de manger du fruit de l’Arbre de la science du bien & du mal, de Ligno autem scientæ boni & mali ne comedas[1] ; mais on n’y voit nulle part, qu’il ait commandé à l’homme de ne vivre que de fruits. Il est vrai que plusieurs Interpretes croïent que Dieu fit ce commandement à Adam ; mais ce n’est qu’une conjecture fondée sur ce qu’aprés le Déluge, Dieu permit expressément de manger de la chair des animaux ; & cette conjecture est combattuë par plusieurs autres Interpretes. Comment donc peut-on nous donner pour constant un fait sur lequel on doit sçavoir que les sentimens sont partagez ? Mais pour faire voir combien la chose est douteuse, il ne faut que consulter les paroles mêmes de l’Ecriture. Dieu dit à Adam : Je vous ai donné toutes les herbes qui portent leurs graines sur la terre, & tous les arbres qui renferment en eux-mêmes
- ↑ Genes. cap. 2. vers. 17.