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corps nourri de legumes & de poisson, pouvoit avoir des saillies qu’il étoit necessaire de reprimer par ces évacuations réïterées.

» Second exemple : les anciens Athletes, tout occupez qu’ils étoient à se procurer des forces & à s’engraisser, n’ont rien crû de plus propre pour y réüssir, que de se nourrir d’alimens maigres : avec de si chetifs alimens en apparence, ils étoient parvenus à se rendre formidables au reste des hommes[1]. Rien donc ne sera si propre à conserver les forces, & à prolonger la vie, que l’usage des alimens maigres, puisque des hommes qui ne s’étudioient qu’à s’engraisser, & à se donner de la vigueur, s’en contentoient. En santé donc, comme en maladie, l’usage du maigre sera pour le moins comparable à celui de la viande[2]. »

Ces deux exemples paroissent convaincans à l’anonyme ; voïons s’ils le sont en effet. Quant au premier, nous remarquerons que la vie recluse & sedentaire des Religieux, dont il est question, est ce qui a porté leurs Instituteurs à ordonner ces frequentes saignées, rien n’étant plus capable d’accumuler les humeurs que le défaut d’exercice. Ajoûtons que si ces sages Instituteurs avoient trouvé le maigre plus nourrissant que la viande, & en

  1. Page 174. de la 1e. édit. & p. 212. de la 2e. tome 1.
  2. Page 175. de la 1e. édit. & p. 213. de la 2e. tome 1.