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de la proïe, par la morsure du loup, comme l’explique Plutarque[1]. Mais sans examiner si ce fait est veritable, ceux que nous venons de rapporter suffisent pour faire comprendre que c’est plûtôt par la force de quelques liqueurs, que par celle de la trituration que se fait la digestion des alimens.

Nous appuïerons toutes ces reflexions d’une observation que rapporte le sçavant M. Stenon[2], il dissequoit un chien de mer, & aïant ouvert l’estomac de ce poisson, il y trouva trois petits poissons entiers, qui n’avoient même reçu aucun coup de dents, & dont la superficie paroissoit endommagée en divers endroits, comme si quelque humeur corrosive l’avoir entamée. Sur quoi il y a deux points à considerer ; l’un, que ces petits poissons étoient entiers ; l’autre, qu’ils commençoient à être rongez en quelques endroits : ils étoient entiers, donc ils n’avaient encore éprouvé aucun broïement ; leur peau commençoit à être rongée en quelques endroits, donc il y avoit dans l’estomac de ce

  1. Plutarch. Symposiaκων lib. 2. quæst 9.
  2. Tres pisciculos, nullo dente læsos stomachus continebat, quorum superficies quibusdam in locis excoriata erat, potius dixerim humorus cujusdam dissolventis corrosione adesa. Nicol. Stenon. Historia dissecti piscis ex canum genere.