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force avec laquelle l’estomac broïe les alimens, monte à douze mille neuf cens cinquante une livre, d’où il conclud qu’il est inutile de recourir à une autre cause pour expliquer comment les alimens se digerent, puisque celle-là est plus que suffisante, la digestion n’étant qu’une division qui se fait des parties de l’aliment. Voilà le raisonnement de l’Auteur ; voici le nôtre. La force de l’estomac dans le broïement des alimens, est de douze mille neuf cens cinquante & une livre ; donc ce n’est pas dans ce broïement que consiste la digestion, puisque si la chose étoit ainsi, tous les alimens se digereroient avec une égale facilité : car encore qu’ils ne soient pas tous également friables, la force immense que l’on prête ici à l’estomac pour les broïer, excederoit si étrangement la resistance des uns & des autres ; qu’à cet égard il n’y auroit dans les alimens aucune difference sensible.

On ne se contente pas d’avancer dans le Traité des Dispenses, que la digestion se fait par le broïement : on ajoûte que la nutrition se fait aussi par le même moïen ; cela étant, il s’ensuit que la substance qui nous nourrit, n’est point changée essentiellement[1], puisque la trituration, ainsi que nous l’avons remarqué, ne fait que séparer

  1. Pag. 174. de la 1e. édit. & p. 322. de la 2e. tom. 1.