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force, puisque selon nôtre Auteur, le plus parfait levain, dés qu’on le suppose dans l’estomac, ne sçauroit être au plus à l’égard de cette force que comme un à quatre mille ?

Nôtre Anonyme, à la page 555. suppose encore d’une maniere bien claire, que le mouvement de l’estomac ne sçauroit être un si puissant obstacle à la fermentation. « C’est, nous dit-il, l’estomac qui cuit & qui digere, parce que c’est lui qui brise & qui broie les alimens. C’est donc de son action & de sa force, qu’il faut attendre la digestion, & les alimens de leur part n’ont qu’à se laisser dissoudre. Ainsi toute puissance qui s’opposera à celle de ce viscere, diminuëra d’autant ce qu’elle s’augmentera elle-même : or une matiere qui se fermente & se gonfle dans l’estomac, fait effort contre lui, c’est une vertu de ressort, c’est une puissance qui se soûleve, & qui s’exerce contre la sienne : ainsi l’action de ce viscere est retardée, & celle des alimens devient la maîtresse. Ce n’est donc plus une force musculeuse, qui paîtrit, ni une main qui foule, ce sont des sucs qui se choquent & se mutinent, l’estomac en souffre et languit, & la dissolution des alimens abandonnée à la fougue, & regie au hazard, fait sentir des chaleurs, des gonfle-