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mêmes, tout occupez qu’ils étoient à se procurer des forces & à s’engraisser, ne crurent rien autre-fois de plus propre pour y réüssir, que de se nourrir d’alimens maigres. 4o. Qu’il produit une plus grande quantité de sang ; témoin les personnes Religieuses, qui mangent toûjours maigre, lesquelles font tant de sang, que le moins qu’elles en fassent, c’est d’en faire autant que ceux qui mangent de la viande. Que c’est pour cela que les instituteurs de ces Ordres, pour prévenir les inconveniens que le maigre pouvoit causer au corps & à l’ame, ordonnoient de saigner tous leurs Religieux six fois l’an, persuadez qu’ils étoient, nous dit-on[1], qu’un corps nourri de legumes & de poisson, pouvoit avoir des saillies, qu’il étoit necessaire de reprimer par ces évacuations réïterées.

Si donc le maigre est plus nourrissant que la viande, s’il engraisse & fortifie davantage, s’il fait plus de sang, il s’ensuit que l’Eglise s’est trompée, d’ordonner l’usage du maigre en Carême.

Qu’on ne nous dise donc point que le poisson, les fruits, les herbages, & les legumes, fortifient plus que la viande, qu’ils guérissent plus de maladies, qu’ils remplissent le corps de sucs plus gras & plus laiteux, &c.

  1. Pag. 246. de la 1. édit. & p. 428. de la 2. tom. 1.