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qui puisse reduire un mixte à une telle finesse, ne laissent pas d’être indigestes, & quelquefois même mortels : disons davantage, si le sentiment de nôtre Auteur était veritable, il n’y auroit presque point de poisons, car il n’y en a point dont les parties integrantes ne se divisent & ne se séparent dans le corps aussi facilement que celles de la meilleure nourriture ; toujours est-il certain qu’il n’y auroit point de poisons liquides, encore moins de ceux qui ne consistent qu’en odeurs, les uns & les autres étant extrêmement fins. Qu’est-ce donc qui distingue de l’aliment, la plûpart des médicamens & des poisons ? c’est que les parties integrantes de ceux-ci, quelques divisées & quelques fines qu’on les suppose, soit d’elles-mêmes, soit par l’action de l’estomac, ont des principes si étroitement & si intimement unis, que rien dans nos corps n’est capable de les séparer ; en sorte que ces particules integrantes ne peuvent être changées en nôtre nature, & demeurant maîtresses, alterent la substance de nos corps, au lieu d’en être alterées elles-mêmes.

Tel qui digerera des viandes grossieres & coriasses, ne pourra quelquefois digerer un peu de fruit : on comprendra comment cela peut arriver, si