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regle, elle sert plûtôt à prévenir l’abus, & elle n’ajoûte rien à l’usage toleré. Elle fait voir seulement la raison de la tolerance, qui n’a rien de contraire à la fin du précepte, quoi-qu’elle accompagne peut-être le précepte de quelque adoucissement. L’Eglise est une Mere sage, qui en établissant la Loi du maigre, n’a pas voulu en exiger l’observance dans une rigueur qui pût degenerer en chicane & en minutie. Son intention a été d’affoiblir le corps par la privation des viandes qui peuvent donner le plus de vigueur. Or celles qu’elle tolere, ne sont nullement de cette nature. Le Castor même, préferable entre toutes, est d’une substance grossiere, pesante à l’estomac, difficile à digerer, peu nourrissante, & d’un goût sauvagin, fort désagréable.

Mais en même tems que la regle découvre, ce qu’il y a de licite dans l’usage, elle fait aussi connoître & reprime l’abus qui se pourroit introduire contre la fin du précepte, comme de mettre au nombre des animaux permis en Carême, la Foulque ou Poule d’eau, qui n’a rien de nôtre regle, qui en puisse legitimer l’usage les jours maigres. 1o. Son sang est constamment chaud[1] ;

  1. C’est la seule raison que Gesner, qui vivoit vers le milieu du seiziéme siécle, apporte de l’u-