Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/496

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’avoir le sang froid. On peut diviser les poissons en trois genres, par rapport à leur sang. Les premiers, sont ceux dont le sang n’est point teint de rouge ; & ceux-là l’ont assez froid ; tels sont, entr’autres, les poissons à coquilles : les seconds, ceux qui ont le sang rouge, mais qui en ont peu, & ceux-là l’ont moins froid ; tels sont l’Anguille, la Tanche, &c. les troisiémes, ceux qui aïant aussi le sang rouge, en ont une grande quantité ; & ceux-là l’ont fort chaud ; comme la Baleine, le Marsoüin, ou Porc marin, le Lamantin, l’Hippopotame, ou cheval marin, &c. tous poissons qui abondent si fort en sang, & en sang chaud, qu’il est difficile d’en trouver davantage & de plus chaud, dans aucun autre animal. On en a fait l’experience à saint Valeri-sur-Somme, à l’occasion d’un Marsoüin fort gros, qui aïant été ouvert, rendit deux grandes casseroles de sang, & d’un sang tout fumant, & aussi chaud que celui d’un Bœuf, quoi-que le Marsoüin n’eût été ouvert que sept ou huit heures aprés qu’on l’eût tué[1]. C’est donc une mauvaise raison, pour prouver que le Pilet, la Blairie, la Macreuse, &c. tiennent plus de la vian-

  1. Cette experience fut faite au mois de Janvier 1696. par les Religieux de l’Abbaïe des Benedictins qui est à Saint Valery-sur Somme.