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suffire, pour faire voir que le cœur, qui n’a qu’un ventricule, a plus d’action que celui qui en a deux ; mais l’experience ne permet pas d’en douter, puisque le cœur de la Tortuë, de la Grenoüille, de l’Anguille, & des autres animaux semblables, où ce viscere n’a qu’un ventricule, bat plus long-tems, étant séparé du corps, que ne fait celui de la Poule, du Cocq, du Pigeon, & même du Bœuf. Le cœur de l’Anguille même remuë plus de douze heures aprés avoir été retranché ; & celui de la Poule, du Cocq, du Bœuf, &c. cesse de se mouvoir dés le moment qu’il est séparé de l’animal[1]. C’est donc sans fondement que l’on s’imagine que la Tortuë abonde en volatil. Mais aprés tout, quand la Tortuë & la Grenoüille abonderoient en volatil, s’ensuivroit-il qu’elles dussent être mises au rang des alimens maigres ? nullement : en voici la raison. Il est des alimens maigres qui ne sont point inferieurs en volatil à la viande. Une once de Cacao, par exemple, qui est une sorte d’amande, donne autant de volatil, qu’une livre de Bœuf. C’est une

    his cor ablatum statim moveri cessat. Martin. Lister, de Humor. c. 2.

  1. Eadem ratio est cur in exanguibus & piscibus cor sit simplex nimirum ut constet ex una auricula maxima, ex uno ventriculo, & ex aortâ forti, quod vis unita fortior est ad sanguinem frigidum circum pulsandum. Lister, ibid.