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nous instruire de la nature des choses, & que, tout au plus, elles n’en sont que les ombres & les accidens[1].

En effet, il n’est point ici question de la simple apparence, & si elle devoit servir de regle en ces sortes d’occasions, il faudroit interdire en Carême, l’usage de certains poissons, dont la chair ressemble si fort à la viande, que les yeux en font à peine la difference[2].

La quatriéme raison, qui est la derniere, c’est que les Grenoüilles ont peu de volatil, au sentiment de M. Lemeri, dans son Traité des Alimens. Mais l’Anonyme manque de memoire, sur ce peu de volatil, comme il vient d’en manquer sur le peu de sang. Il oublie que pour recommander en Carême l’usage de la Carpe, du Flez, du Carrelet, de l’Anguille, & de la Tanche, il a eu soin d’avertir que ces poissons abondoient en volatil. Quoi-qu’il en soit, il faut avoüer que c’est un bonheur qu’il ait crû trouver dans le Livre de M. Lemeri, que la Grenoüille avoit peu de volatil, puisque, sans cela, il alloit enlever impitoïablement ce soulagement aux pauvres, & cette consolation aux riches. Nous disons qu’il ait crû trouver ; car sans vouloir

  1. Pa. 167. de la 1e. édit. & pa. 278. de la 2e. tom. 1.
  2. La chair du Lamantin ressemble à celle du Bœuf, & son lard à du lard de Cochon.