Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/445

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son qu’il apporte en faveur des Grenoüilles, est frivole, ou que la Carpe est un poisson peu convenable en Carême.

La troisiéme raison, c’est que la chair de la Grenoüille ressemble à celle du poisson, par le goût & par la couleur. Pour ce qui est du goût, voilà qui est favorable à la Macreuse, qui a encore plus le goût du poisson que la Grenoüille. Quant à la couleur, il auroit fallu nous dire comment une chair doit être pour ressembler en couleur à la chair du poisson ; s’il faut qu’elle soit rouge comme la chair de Saumon, blanche comme celle de la Solle, &c. Cependant, si l’on en doit juger par la couleur, la chair de la Grenoüille ressemble plus à celle du Poulet, qu’à aucune autre : ce qui est cause que dans le vulgaire on appelle ordinairement les Grenoüilles, les Poulets de Carême. Mais aprés tout, l’Auteur du Traité des Dispenses, y pense-t-il, de vouloir décider de la nature des alimens par la couleur, lui qui pour empêcher qu’on ne croïe que la gelée de corne de cerf, étant blanche & assez semblable aux sucs des Poissons, tient de la qualité du poisson, avertit qu’il ne faut pas se laisser séduire par les couleurs ; qu’elles ne paroissent point avoir été instituées pour