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on vient de voir, au commencement de cet Article, c’est qu’il n’est non plus permis de manger en Carême, d’une Macreuse, que d’un Canard, d’un Loutre que d’un Chat, si c’étoit la coûtume d’en manger, & d’une Tortuë que du Veau, « dont la chair, dit-il[1], est si semblable à celle de cet animal : car, reprend-il, puisque l’Eglise ne permet que l’usage du poisson, ou de ce qui en a les qualitez, & la nature, dés que ces animaux ne sont point de ce genre, qu’ils sont, au contraire, de la nature de ceux qu’elle défend, on doit avertir les Fideles de l’abus où on a vêcu là-dessus, & de leur en ordonner l’abstinence. »

Cela est raisonnable ; il ne s’agit donc plus à présent que d’examiner si la Macreuse, le Loutre, la Tortuë, & quelques autres Amphibies, sans être de veritables poissons, tiennent neanmoins de la qualité du poisson. L’Auteur du Traité des Dispenses, qui prétend que non, apporte plusieurs raisons, pour prouver son sentiment ; nous les allons considerer.

Il dit 1o. que le sang de la Macreuse, de la Tortuë, n’est point froid, comme on le pense d’ordinaire. Mais quand cela seroit, ce qui n’est pas, qu’importe ? Il y a des poissons qui ont le sang aussi chaud que celui des plus gros

  1. Pa. 160. de la 1e. édit. & p. 266. de la 2e. tom. 1.