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le Loutre, le Castor, doivent être exclus du nombre des poissons ; parce qu’ils ne sont point dépendans de l’eau, qu’ils ne puissent vivre sur terre ? Nous lui laissons le soin de s’accorder là-dessus avec lui-même. Au reste, quand il seroit vrai qu’un animal ne pourroit être poisson, lorsqu’il ne dépendroit point tellement de l’eau, qu’il ne pût s’accoûtumer à la terre : on n’en pourroit rien conclurre ici contre la queuë du Castor. En effet, si cet animal s’accoûtume à la terre, sa queuë, qui est sans poil, & écailleuse comme celle d’un poisson, est si dépendante de l’eau, qu’elle ne peut s’en passer. C’est pourquoi, lorsqu’il se cache sous terre, il choisit toûjours des lieux où sa queuë puisse tremper dans l’eau, tandis que le reste du corps est à sec, sans quoi elle devient immobile & comme morte ; ce qui ôte même à l’animal le pouvoir de se vuider[1]. Aussi, lorsqu’on éleve des Castors dans les maisons, on a soin d’en arroser de tems en tems la queuë avec de l’eau[2]. De plus, cette queuë est d’un goût

  1. Les Castors se creusent au bord des grandes rivieres, certaines cavernes, où ils se forment comme de petites maisons, avec des morceaux de bois, qu’ils ajustent avec tant d’art, que soit que les rivieres baissent, soit qu’elles grossissent, la partie anterieure de leur corps peut être à sec, tandis que l’autre demeure dans l’eau.
  2. Fibro quem Galli bievre vocant, in terrâ &