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uns contre les autres, s’usent enfin, & se consument ; mais outre qu’on n’explique point par-là comment ils ne blessent point l’estomac par leurs pointes, voici une experience qui détruit cette réponse. C’est que si aprés avoir nourri pendant quelques jours avec du pain seul un gros chien, on lui fait avaler un os rond & dur, en le lui poussant bien avant dans la gueule, cet os, qui ne sera accompagné d’aucun autre, ne laissera pas en moins de 24. heures, d’être parfaitement digeré, comme on pourra aisément s’en convaincre, par l’ouverture du chien, aprés s’être assuré auparavant qu’il n’aura rien rendu sous la forme d’os. L’Anonyme, dans le Traité des Dispenses, & dans le Livre intitulé : La digestion des Alimens, &c, compare l’estomac à une scie, qui lentement & patiemment agitée, aidée d’un peu d’eau, fend les marbres les plus durs ; & par le moïen de cette comparaison, il croit faire toucher au doigt, que l’estomac peut briser les os les plus durs ; mais il auroit bien fait de ne pas compter si fort ici sur la penetration de ses Lecteurs : car on ne voit pas bien clairement quelle est la partie de l’estomac qui peut faire ainsi sur les os l’office de scie. Il s’est avisé depuis, dans le Livre qu’il a donné, sur la Di-